Vers la fin du cuivre et l'accès au Très Haut Débit pour les collectivités

Bénédicte Javelot, Directrice de projets stratégiques et de développement

Que signifie la fermeture du cuivre pour les collectivités ?

Bénédicte Javelot : La fermeture du cuivre marque pour une commune son passage dans l’ère du Très Haut Débit. Car partout où le réseau cuivre ferme, cela signifie que les solutions technologiques très haut débit sont disponibles. La fibre optique bien sûr, qui raccorde 9 foyers sur 10, mais aussi le satellite ou le Très Haut Débit mobile, grâce à la 5G ou à la 4G.

C’est donc une formidable nouvelle pour les collectivités car cela signifie pour leurs habitants, leurs entreprises, leurs zones d’activités, plus de débits, une meilleure résilience et une empreinte environnementale améliorée.

Car derrière ce chantier de fermeture du réseau cuivre, il y a une vraie amélioration de la connectivité à la clé. La fibre offre ainsi des performances et des débits jusqu’à 60 % supérieures à ceux du cuivre, avec moins d’incidents et une meilleure résistance aux aléas climatiques en consommant 4 fois moins d’énergie que le cuivre

Comment faire basculer 36 000 communes dans le Très Haut Débit, en tenant compte de leurs spécificités, économiques, sociales et géographiques ?

B.J. : C’est un chantier progressif, qui a été initialisé par Orange en 2022 et qui se terminera en 2030. La fermeture du réseau cuivre s’échelonne par lots annuels de communes, avec une montée en puissance progressive.

Ensuite, chacun des lots est rythmé par des jalons qui permettent une fermeture progressive du réseau cuivre. Le premier jalon à passer est celui de la fermeture commerciale : à cette date, plus aucune nouvelle offre sur cuivre ne peut être commercialisée. Le deuxième jalon, le plus important, est la fermeture technique du réseau, le moment où tous les services sont coupés. Une fois les services coupés et la fermeture technique prononcée, commence la dernière phase du projet, celle de la dépose et du recyclage du cuivre.

Entre chaque jalon, nous respectons des délais réglementaires de prévenance de 36 mois, entre l’annonce et la fermeture commerciale. Et il doit s’écouler douze mois minimums entre la fermeture commerciale et la fermeture technique.

La mise en œuvre de ce chantier est donc progressive, et tient compte principalement de l’avancée des déploiements de la fibre. Car fermeture du réseau cuivre et déploiements de la fibre sont intimement liés.

Quelles sont les clés de succès pour les collectivités ?

B.J. : Le maître-mot est l’anticipation. Il faut anticiper au maximum cet arrêt de technologie et la bascule vers le très haut débit. Plus les usagers — particuliers, professionnels, entreprises ou administrations — migrent tôt, moins ils risquent de coupures de services ou de difficultés de raccordement.

Et bien entendu, il faut informer et faire connaître le projet au plus grand nombre, par tous les canaux possibles. Plus l'information est diffusée, plus les habitants des communes concernées se sentiront impliqués et anticiperont les migrations.   

Existe-t-il des exemples d’un tel « chantier » à échelle européenne, voire mondiale ?

B.J. : Tous les grands pays qui déploient massivement la fibre optique lancent en parallèle le chantier de fermeture de leur réseau cuivre. C’est une évidence économique, sociétale et environnementale ! Rappelons que la fibre consomme 4 fois moins d’électricité que le réseau cuivre, pour des débits jusqu’à 200 % supérieurs.

Nous pouvons citer l’Espagne, l’Italie, la Suède, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse comme exemples de pays qui ont commencé à fermer leur réseau cuivre. Mais la France, avec ses 90 % de locaux raccordables à la fibre, est parmi les pays les plus avancés.

Nous aurons à cœur d’échanger les bonnes pratiques avec nos voisins européens, surtout dans les pays où nous opérons le réseau cuivre, comme en Pologne.