Publié le 08 Juin 2023

Paris 2024, un défi technologique à relever

Interview de Bruno Marie-Rose

Directeur de la Technologie et des Systèmes d’Information de Paris 2024, Bruno Marie-Rose nous explique comment le numérique et l’innovation technologique seront au cœur de la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Sur le plan technologique, le défi à relever pour Paris 2024 est d’une dimension considérable. 15 000 athlètes olympiques et paralympiques sont attendus sur plus de 200 sites à équiper, du Stade de France aux compétitions de surf à Tahiti. 

Photo Bruno Marie-Rose (Paris 2024)
Bruno Marie-Rose, Directeur de la Technologie et des Systèmes d’Information de Paris 2024

Plus de 12 000 écrans connectés, 8 000 bornes Wifi, 13 000 ordinateurs et plus de 400 000 km de fibre optique seront utilisés dont 90 % existants. 20 000 journalistes couvriront les compétitions, pour plusieurs milliards de téléspectateurs et 13 millions de spectateurs dans les stades. Comme jamais auparavant, la technologie devra être au rendez-vous pour que les Jeux de Paris 2024 soient une réussite. Au sein du comité d’organisation, c’est à la DTSI (Direction de la Technologie et des Systèmes d’Information) que revient cette tâche. Son directeur, Bruno Marie-Rose, a répondu à nos questions.

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi la technologie et le numérique seront des ingrédients clés pour réussir les Jeux de Paris 2024 ?

Bruno Marie-Rose : « Sur les sites olympiques, il faut mettre en place les écrans géants, le chronométrage et tous les systèmes liés aux compétitions en elles-mêmes. Il faut aussi assurer la captation des images et, en collaboration avec Orange, leur diffusion pour les téléspectateurs du monde entier qui voudront ressentir en direct l'émotion des compétitions. Un autre volet important est spécifique aux métiers de l'événementiel. Par exemple, la billetterie de Paris 2024 est 100 % numérique, pour la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. »

Photo Bruno Marie-Rose (athlète)
Bruno Marie-Rose

Comment votre passé d’ancien athlète olympique vous aide dans votre mission ?

B.M-R. : « J’ai eu la chance de vivre les Jeux Olympiques du côté des athlètes. Trois fois olympien, médaillé olympique et recordman du monde du relais 4x100 mètres, je sais ce qu’il faut mettre en place pour que les athlètes soient dans les meilleures conditions d'expression possible. Ma carrière dans le monde de l’informatique et des technologies m’a mené à rejoindre le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 en 2018, en tant que Directeur de la Technologie et des Systèmes d'Information. Aujourd’hui, c'est un formidable défi collectif à relever. Pour réussir, je m’inspire de mon expérience sportive. Comme un coach, je m’appuie sur les performances individuelles de chacun pour assurer la réussite collective. »

Quelle est votre vision de ce que les nouvelles technologies apportent aux différents acteurs des Jeux de Paris 2024 ?

B.M-R. : « Avant tout, notre mission est de permettre aux sportifs d’exprimer leurs talents lors des quatre semaines de compétitions olympiques et paralympiques. La technologie doit servir cet objectif. Elle nous permet, par exemple, de mettre en place un système de résultats sans faille pour attribuer dans chaque épreuve l'or, l'argent et le bronze, les symboles des Jeux Olympiques et Paralympiques. Je garde aussi à l’esprit que la technologie contribuera à faire de Paris 2024 un événement unique. »

Comment comptez-vous apporter une dimension supplémentaire à Paris 2024 ?

B.M-R. : « Nous voulons mettre la technologie au service de l'ambition Paris 2024. Cela passe par la mobilisation de la population autour de l’événement à travers des opérations numériques comme Terre de Jeux 2024 ou le Club Paris 2024. Le sujet du numérique responsable est aussi bien présent. Mon objectif est donc d'optimiser les ressources pour fournir la bonne technologie à la bonne personne au bon moment. Nous sommes également très attachés à la logique d’héritage. Tout ce qui aura été mis en place doit être pérennisé, réutilisé et revalorisé au profit du mouvement sportif et des territoires. »

Notre mission est de permettre aux sportifs d’exprimer leurs talents lors des quatre semaines de compétitions olympiques et paralympiques. La technologie doit servir cet objectif.

Bruno Marie-Rose, Directeur de la Technologie et des Systèmes d’Information de Paris 2024

Vous voulez promouvoir des innovations technologiques « utiles ». Qu’entendez-vous par là ?

B.M-R. : « Nous voulons utiliser des technologies directement au service de l'événement en lui-même. Un exemple d’innovation ‘utile’ : la 5G privée, qui nous permettrait de diffuser des images de télévision mobile, là où le filaire serait trop compliqué. Nous travaillons aussi sur la diffusion en temps réel des photos de presse ou sur la diffusion OTT (over the top) pour diffuser en streaming des images de chaque site de compétition. Ce seraient des premières sur des Jeux Olympiques et Paralympiques. Côté organisation, nous allons aussi basculer des anciennes technologies talkie-walkie vers du push to talk numérique. Et nous mettons en place l'imagerie 3D pour former les futurs volontaires des Jeux de Paris 2024. »

Quelles sont, selon vous, les nouvelles technologies qui marqueront ces Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ?

B.M-R. : « Pour Paris 2024, nous voulons renouveler l’expérience des spectateurs. Ils pourront ‘communier’ avec les athlètes sur le terrain et vivre les compétitions en immersion. Nous misons également sur la qualité de l’audio dans les stades. Avec Orange, nous travaillons aussi à ouvrir les Jeux de Paris 2024 au plus grand nombre. L’idée est par exemple d’inclure dans des courses connectées toutes les personnes qui ne pourraient pas participer en présentiel au Marathon pour tous. Nous voulons aussi progresser sur l'accessibilité des épreuves aux malentendants et malvoyants, et pour cela, nous nous appuyons sur les solutions numériques de start-up prometteuses. »

La cérémonie d’ouverture, très attendue, sera aussi un défi technologique majeur ?

B.M-R. : « Tout à fait, imaginez les bateaux des délégations d’athlètes qui vont défiler sur la Seine sur 6 km. Pour fournir les images immersives que le monde entier attend, nous allons devoir positionner des caméras sur ces bateaux. Avec un défi de transmission d'images considérable, que la 5G privée d’Orange pourrait nous aider à relever. Il y aura aussi un enjeu de couverture mobile, avec énormément de spectateurs massés le long des quais qui voudront partager l’événement dans le monde entier, en temps réel, enjeu que nous adressons avec l’ensemble des opérateurs mobiles. »

Quels sont les domaines dans lesquels l’expertise et l’innovation d’Orange vont vous aider à faire de Paris 2024 une réussite ?

B.M-R. : « Orange nous aide à aller un cran plus loin, avec ses propres initiatives qui anticipent les innovations technologiques bien au-delà de Paris 2024. En amont, Orange a l’expérience pour détecter et sélectionner de nouvelles technologies développées par des start-up. Cela nous a aidé à mettre en place un POC (proof of concept) autour de la course connectée avec le Stade de Marseille. L’objectif est maintenant de voir si cette innovation pourra être prête pour les Jeux de Paris 2024. C’est pour cela qu’il est intéressant de nous appuyer sur des hommes et des femmes qui ont une expertise terrain dans l’événementiel, avec un savoir-faire clé qui nous aide à être au rendez-vous de Paris 2024. »