illustration : des sièges vides entourent un salarié de la cybersécurité

Publié le 02 mai 2022

Pourquoi la cybersécurité européenne est-elle un enjeu de talents ?

Porté par l’explosion des usages du numérique et par la digitalisation des entreprises, le secteur de la cybersécurité est en pleine croissance. Les besoins de recrutement sont énormes : 350 000 postes sont à pourvoir en Europe. Pour décrypter le défi des talents que la cybersécurité européenne doit relever, Elisabeth Fonteix (Directrice Learning & Development du groupe Orange) et Angus McMichael (DRH Global d’Orange Cyberdefense) partagent avec nous leur vision.

 

Dans le monde, plus de 3,5 millions de postes sont actuellement vacants dans le domaine de la cybersécurité, dont 350 000 en Europe. En France aussi, les entreprises peinent à trouver des candidats alors que les besoins du secteur vont doubler pour atteindre 75 000 postes à horizon 2025.

 

Comment expliquez-vous cette pénurie de talents dans le secteur de la cyberdéfense européenne ?

Elisabeth Fonteix : On parle bien de plusieurs millions de professionnels que les entreprises et collectivités doivent embaucher au niveau mondial. Incontestablement la sécurité est un secteur d’avenir qui recrute énormément car activités numériques et cyber-protection marchent main dans la main. Plus les entreprises numérisent leurs activités, plus les administrations digitalisent leurs services et plus la cybercriminalité progresse.

Angus McMichael : Il est vrai que dans notre secteur, les besoins sont directement liés à l’explosion des usages du numérique. Depuis deux ans et le début de la crise sanitaire, la demande ne fait qu’augmenter. Mais du côté de l’offre, les écoles et universités ne forment pas suffisamment de jeunes professionnels et les experts plus seniors ne sont pas assez nombreux. En conséquence, la pénurie de talents touche tous les pays, tous les acteurs et tous les métiers.

 

 

Les entreprises américaines - notamment les GAFAM -, sont-elles aussi touchées par cette pénurie de talents ?

E.F. : Le marché de l’emploi bénéficie d’abord aux experts en cybersécurité. Du côté des entreprises, dont les GAFAM, beaucoup d’entre elles cherchent à les recruter en leur proposant des rémunérations élevées, mais tous les acteurs du numérique sont concernés. Au-delà de ce secteur, la banque recrute aussi beaucoup de profils tech, ainsi que l’industrie automobile qui développe la production de véhicules autonomes. Parce qu'ils démarrent leur transformation numérique, les acteurs de l’industrie ont besoin d’experts en cybersécurité. On achète de la technologie mais on a aussi besoin de talents.

 

A.M. : Si le prestige, les salaires et l’attractivité de la Silicon Valley jouent encore en faveur des GAFAM, au fil des dernières années, la perception de ces géants semble se retourner. Elle n’est plus aussi attractive qu’avant et certains profils préfèrent rejoindre des acteurs européens.

Le développement des compétences fait aussi partie de nos engagements. Lorsqu’une personne nous rejoint chez Orange Cyberdefense, elle sait que nous investirons dans sa formation.

Angus McMichael, Ressources Humaines Global Orange Cyberdéfense
Photo Angus Mc Michael

 

Justement, quelles sont les solutions mises en place chez Orange Cyberdefense  et dans le groupe Orange pour attirer davantage de profils experts ?

E.F. : À l’image de ce que nous proposons pour l’ensemble de nos recrutements dans les métiers techniques, plusieurs éléments clés entrent en jeu : des perspectives d’évolution sur la durée, des missions sur des projets innovants… Nous nous différencions aussi sur les conditions de travail offertes, qui laissent une large place à l’autonomie et la prise de responsabilité. Sans oublier que malgré sa croissance rapide, Orange Cyberdefense conserve une taille humaine.

A.M. : Le développement des compétences fait aussi partie de nos engagements. Lorsqu’une personne nous rejoint chez Orange Cyberdefense, elle sait que nous investirons dans sa formation. Elle a la certitude de bénéficier d’une valeur ajoutée dans son parcours que ce soit en termes d’excellence opérationnelle ou de développement managérial si elle le souhaite. Cela permet d’offrir aux jeunes recrues une individualisation de leur parcours. Un technicien peut évoluer et devenir ingénieur. Un pentester (ou hacker éthique) peut devenir responsable de sécurité SI, architecte ou consultant chez Orange Cyberdefense ou ailleurs dans le Groupe. Dans cette optique, nous favorisons la mobilité internationale à travers des missions opérationnelles. Par exemple, un technicien de notre Security Operations Center (SOC) de Londres peut rejoindre pendant six mois le SOC de Malmö en Suède pour apporter son expertise et développer ses compétences, un analyste en cybercriminalité à Paris peut partir en VIE (Volontariat International en Entreprise) à Montréal ou à Singapour pour vivre une expérience à l’étranger.

 

 

 

Y a-t-il un “profil type” que vous recherchez chez Orange Cyberdefense ?

E.F. : Nos recrutements concernent autant des profils d’ingénieurs et techniciens que d’analystes. Ils doivent être spécialisés en cybersécurité ou issus de formations plus généralistes avec une option en cybersécurité. Pour des profils plus ‘business’, certaines écoles de management commencent aussi à proposer des cursus orientés ‘sécurité numérique’. Dans tous les cas, la motivation, la volonté de partager son expertise et la capacité à travailler de manière agile sont indispensables.

A.M. : En 2021, Orange Cyberdefense a recruté plus de 650 personnes dans tous les métiers de la cybersécurité. Les profils de pentesters ou de techniciens cyber sont très recherchés. Ce sont donc des profils techniques, mais la différence se fait aussi grâce aux soft skills des candidats qui sont désormais des compétences essentielles. La pandémie nous a montré l’importance de l’autonomie pour réussir dans notre secteur. Nous recherchons également des profils de sales architects moins techniques et capables de proposer à nos clients les services de cybersécurité dont ils ont besoin.

 

Quels moyens sont mis à disposition des salariés du groupe Orange pour monter en compétence dans le domaine de la cybersécurité ?

E.F. : Chez Orange, nous avons fait de la cybersécurité un enjeu stratégique. Cela s’est traduit dès 2019 par l’ouverture d’Orange Campus Cybersécurité, une offre de formation pour tous les salariés du Groupe composée de plus de 3 000 modules, allant de la sensibilisation aux spécialisations les plus pointues. En 2021, 26 000 salariés ont été formés sur le sujet. Notre centre de formation d’apprentis (CFA) Orange propose également aux étudiants depuis 2020 un parcours d’Ingénieur Cybersécurité avec une formation en alternance et un poste, par exemple chez Orange Cyberdefense au sein des équipes d’experts du Groupe.”

A.M. : Chez Orange Cyberdefense, 75 % de nos 2 500 experts en cybersécurité bénéficient d’une formation chaque année. En 2021, nous avons lancé un Master of Science avec l’Université de Dublin à l’attention de nos collègues anglophones. Au niveau international, nous avons une centaine de salariés actuellement en formation, à la fois pour les besoins d’Orange Cyberdefense, d’Orange Business Services et d’Orange Afrique et Moyen-Orient. En parallèle, nous avons mis en place une communauté métier dédiée à la cybersécurité. Cette filière permet d’échanger en interne entre experts, de se former, de repérer les talents à l’échelle du Groupe, partout dans le monde.”

 

Nous sommes partenaires de différents programmes comme ‘Women in Tech’ qui valorisent les témoignages de réussites féminines dans la tech et la cybersécurité.

Elisabeth Fonteix, Directrice du Learning & Development Groupe
Photo d'Elisabeth Fonteix

 

Dans le monde, seuls 11 % des experts en cybersécurité sont des femmes. Quelles solutions sont mises en œuvre pour féminiser les équipes chez Orange Cyberdefense ?

E.F. : Nous agissons au niveau de nos recrutements. Par exemple, les deux dernières promotions de notre CFA Orange comptaient 25 % d’apprenties. Nous voulons aussi changer le regard du grand public sur les métiers du numérique et de la cybersécurité. C’est pour cela que nous agissons en amont, en donnant envie aux jeunes femmes de se lancer dans des études et des carrières techniques. Nous sommes partenaires de différents programmes comme ‘Women in Tech’ qui valorisent les témoignages de réussites féminines dans la tech et la cybersécurité.

A.M. : Pour relever le défi des talents, la féminisation de la cybersécurité est absolument indispensable. Aujourd’hui chez Orange Cyberdefense, 13 % de nos effectifs dans les métiers techniques sont des femmes (20 % toutes fonctions confondues). Chez Orange Cyberdefense, nous nous engageons pour faire avancer l’égalité hommes-femmes, mais la difficulté se situe à l’échelle de notre secteur qui reste encore très masculin dans son ensemble.

 

Que diriez-vous à un talent pour lui donner envie de rejoindre Orange Cyberdefense ?

E.F. : Rejoindre Orange Cyberdefense, c’est rejoindre le numéro un du secteur en Europe avec tout l’intérêt et les opportunités que cela implique pour un jeune talent. C’est aussi rejoindre une entreprise à taille humaine adossée à un grand groupe international.

AM : À l’échelle européenne, nous dépasserons le milliard d’euros de chiffre d’affaires l’année prochaine avec l’ambition de renforcer notre croissance organique et notre présence en Europe. Rejoindre Orange Cyberdefense, c’est rejoindre cette dynamique.